LE CHRISTIANISME TRADITIONNEL — Vérité ou tromperie? |
CHAPITRE 22
RENOUVELLEMENT ET NOUVELLE NAISSANCE
L’expérience de la justification met fin à l’ancienne vie que l’on a vécue sans Dieu, et elle dirige le renouvellement intérieur. Bien qu’il s’agisse d’une seule oeuvre de rédemption et de délivrance, l’oeuvre de grâce divine s’accomplit dans les divers domaines de notre vie et c’est pourquoi différentes notions sont employées pour l’exprimer.
C’est par le réveil que tout commence: L’homme séparé de Dieu et qui de ce fait est spirituellement mort, est comme secoué pour être réveillé. Ceci arrive par l’Esprit de Dieu pendant la prédication de l’Evangile. Jusqu’à ce moment précis et sans le savoir cet homme est en vérité spirituellement mort. Pour lui, tout est en ordre dans le monde et il n’a nullement conscience que quelque chose pourrait ne pas aller.
Qu’un homme soit religieux ou pas, il repousse toute pensée d’un au-delà, celle d’une responsabilité personnelle devant Dieu et d’un jugement dernier. S’il n’exclut pas totalement une telle possibilité, il se dit en lui-même et le proclame à haute voix: «Je n’ai tué personne. Je n’ai pas fait ceci ou cela, ainsi, cela ne sera pas si grave au cas où une telle chose devrait arriver». Eh bien voilà! en réalité il arrivera effectivement quelque chose. C’est pourquoi tous devraient savoir que Dieu n’est pas un bon vieux grand-père ou un cher oncle auprès duquel on peut trouver faveur par quelque bonne parole. Car à ce moment-là Dieu ne sera plus le bienveillant Sauveur, mais le Juge sévère. Il est lié à Sa propre Parole et doit juger tout homme conformément à Celle-ci.
De même que maintenant Il est lié à Sa Parole et qu’Il pardonne à chacun de ceux qui croient en Lui, qu’Il lui fait grâce, le libère et le justifie, ainsi Il jugera justement en cette occasion tous ceux qui L’ont bravé, contredit, et ont rejeté Ses voies de salut. Ceux également qui ont tenté de chercher le salut à leur propre manière, sans se confier réellement en Dieu, seront grandement désappointés. En réalité il ne s’agit pas seulement de croire “en Dieu”, mais bien de “croire Dieu” et de croire conformément aux voies de salut qu’Il a établies pour l’humanité. Celui qui ne croit pas Dieu fait de Lui un menteur (1 Jean 5.10).
Tout d’abord, il est de fait que l’homme naturel, même s’il est très religieux et agit comme tel, ne discerne pas les choses spirituelles. Cela commence donc, comme nous l’avons déjà mentionné, par le réveil, par une secousse de la conscience, laquelle sort du sommeil de la mort spirituelle. Lors de la prédication de Pierre à Pentecôte, les gens furent tellement saisis, ébranlés intérieurement et réveillés, qu’ils s’écrièrent: “Que ferons-nous, frères?” (Act. 2.37).
Lors de la prédication de l’Evangile, différentes expériences sont faites par les auditeurs croyants. Lorsque Pierre prêcha dans la maison de Corneille et au cours d’une seule prédication, toute l’oeuvre de Dieu s’accomplit en une seule fois, allant de la conversion jusqu’au baptême du Saint-Esprit (Act. 10.34-48). C’est selon la position intérieure de l’auditeur, de son attente dans la foi et de la pleine autorité de la prédication que l’Esprit de Dieu peut agir conformément à la Parole annoncée. Il est bon qu’à cet égard aucun “chablon” n’ait été donné à appliquer. La foi agissante, réellement valable auprès de Dieu, vient de la prédication, c’est-à-dire du message du Plein Evangile. Toutes les expériences nécessaires au salut peuvent être faites par ceux qui écoutent la Parole. L’Esprit de Dieu commence à agir dans une personne, lui accordant la connaissance d’elle-même qui va la conduire au repentir. Alors cette personne ressent avec douleur les choses qu’elle n’avait pas faites correctement et elle en demande pardon à Dieu.
La conviction de péché pénètre si profondément un homme qui se trouve dans la présence du Dieu saint, qu’il s’écrie: “Seigneur, j’ai péché contre le Ciel et contre Toi!”. Il s’ensuit un changement de vie et une réparation. Celui qui volait ne vole plus. Celui qui mentait ne ment plus. Il y a une réelle conversion à Christ et un renouvellement qui aboutit à une nouvelle naissance. Celui qui a été ainsi saisi par la conviction de péché prie le Seigneur de lui pardonner tous ses méfaits et il reconnaît devant Lui ce qui charge son coeur et l’oppresse. Pendant la prière se passe quelque chose de tout à fait extraordinaire, à savoir l’oeuvre surnaturelle de la grâce: subitement, la certitude du salut et la paix de Dieu entrent dans son coeur. Une personne qui éprouve la repentance sait qu’en cet instant c’est la foi en Jésus-Christ qui sauve. C’est une expérience réelle, un événement intérieur perceptible, une action directe de l’Esprit de Dieu dans la personne qui devient croyante. L’Esprit de Dieu rend ensuite témoignage à son esprit qu’elle est devenue une enfant de Dieu (Rom. 8.16). Le salut en Christ peut être aujourd’hui encore expérimenté. Il est une expérience pratique.
Lorsqu’un homme se tourne vers Dieu avec une foi véritable et Lui ouvre Son coeur en toute confiance, c’est-à-dire en ne disant pas seulement: «J’y entre une fois juste pour écouter ce qui se dit», mais bien celui qui vient dans la position correcte, et qui commence à parler avec le Seigneur après avoir écouté ce qu’Il lui a dit à travers la prédication, cet homme peut, aujourd’hui encore, faire une expérience véritable avec Dieu comme dans le christianisme primitif. Dieu est digne d’être cru, on peut réellement Lui faire confiance.
Le fait est que malheureusement, au travers des nombreuses et diverses orientations de foi dans l’Eglise, le chemin étroit suivi par le Seigneur et Ses disciples, avec les expériences qui les accompagnèrent, n’a été présenté qu’au travers d’une image totalement défigurée.
Lors de notre conversation avec Dieu, nous devons croire Le comme un enfant et Lui répondre comme si nous répondions à une lettre qui nous serait adressée. Nous nous reportons à ce qu’Il nous a écrit car, au travers de Sa Parole, Dieu nous parle réellement, et dans la prière nous parlons à Dieu. Il nous offre Sa grâce et nous fait connaître Sa volonté. Nous nous rapportons à cela dans la prière et Le remercions pour tout cela. C’est ainsi que l’homme parvient à une communion personnelle avec Dieu.
Dans la foi et la confiance nous nous laissons interpeller par la Parole, et nous réalisons subitement que c’est à nous qu’Elle s’adresse tout personnellement, comme lorsque Jésus dit à Nicodème: “… en vérité, en vérité je te le dis: si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu” (Jean 3.3). L’événement de la nouvelle naissance est somme toute une condition divine absolue pour pouvoir entrer dans le Royaume de Dieu. “Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit: Il vous faut être nés de nouveau” (Jean 3.7). Cet événement de la nouvelle naissance n’a absolument rien à voir avec la philosophie de la réincarnation, laquelle est souvent désignée, par incompréhension, comme étant la nouvelle naissance. Lors de la nouvelle naissance telle qu’elle nous est enseignée dans les Saintes Ecritures, l’homme ne revient pas sous une autre forme ou une autre figure; mais au contraire, lorsque l’homme tel qu’il vit en sa chair devient un croyant et reçoit la Parole de Dieu en Lui, le Saint-Esprit accomplit l’engendrement et apporte dans l’âme de cette personne une Vie nouvelle, une Vie divine.
Nous pouvons alors témoigner dans la joie: “Mais, quand la bonté de notre Dieu sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous sauva, non sur le principe d’oeuvres accomplies en justice, que nous, nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit saint, qu’il a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur, afin que, ayant été justifiés par sa grâce, nous devinssions héritiers selon l’espérance de la vie éternelle” (Tite 3.4-7).
Au chapitre 2 de Tite, verset 11, l’apôtre Paul écrit: “Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes…”. L’homme qui a reçu la grâce reconnaît les choses qui servent à son salut et qui lui sont nécessaires. Dans les épîtres nous sont présentées les expériences de ceux qui, pour la plupart, avaient vu le Christ et avaient vécu avec lui. Et comme Il est Le même hier, aujourd’hui et éternellement (Héb. 13.8), Il fait les mêmes choses envers tous ceux qui viennent à Lui. Celui qui reçoit la Parole de la Vérité fait l’expérience de ce qui est promis en Elle. “De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité (nés de nouveau), pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures” (Jacq. 1.18).
L’apôtre Pierre exprime la même pensée lorsqu’il écrit: “Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un coeur pur, vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu” (1 Pier. 1.22,23). Celui qui a fait une expérience personnelle avec Dieu, telle que celles qui nous sont décrites dans la Parole de Dieu, celui-là devient une partie de Sa Parole et de Sa volonté, et par ce fait même il se trouve inclus dans les desseins de salut de Dieu. De telles personnes peuvent à leur tour classer correctement dans son contexte tout ce qui est écrit. Cette parfaite union des rachetés avec leur Rédempteur est indispensable afin que chacun voie les choses de la manière qu’Il les voit, Lui, et qu’il veuille ce qu’Il veut.
C’est avec l’expérience de la conversion, du renouvellement et de la nouvelle naissance que commence la marche de disciple avec Jésus-Christ. L’être tout entier est engagé dans cette marche. En ce qui concerne la marche d’un disciple, beaucoup de passages bibliques pourraient être lus. Pour un disciple, le Seigneur occupe subitement la première place dans sa vie. Si cela est nécessaire pour le Royaume de Dieu, même sa maison et ses biens, sa femme ou son mari, ses frères et soeurs, ses parents ou ses enfants, ses amis et tout le reste doivent être laissés en arrière (Luc 18.29). C’est-à-dire que si seule de toute une famille cette personne vient à la foi, il ne peut se laisser retenir par elle. Devenir disciple de Christ ne signifie pas que l’on va entrer dans un couvent ou dans un ordre religieux mais que, tout en demeurant dans sa situation familiale et professionnelle, le disciple de Christ va organiser sa vie de chaque jour conformément a la volonté de Dieu. Le fait d’abandonner le chemin large pour suivre le chemin étroit entraîne certaines conséquences pour chacun. Personne ne peut servir deux maîtres, personne ne peut suivre deux chemins différents en même temps. Le choix doit être fait et la décision prise, ce qui fait que la manière de vivre de chacun rend témoignage du chemin sur lequel il est engagé.
L’expérience du renouvellement concerne le coeur de l’homme, et cela conformément à la parole d’Ezéchiel 36.26: “Et je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau”. L’homme intérieur renouvelé se trouve placé devant la grande tâche de se défaire de toutes les choses qui enlaçaient si facilement le vieil homme. A proprement parler, chaque homme incrédule mène une vie double: il n’est pas ce qu’il prétend être ni ce que les autres pensent qu’il est. Chaque personne a deux visages: une fois il se montre tel qu’il voudrait être, puis à nouveau tel qu’il est réellement. Sur ce point aussi l’Ecriture nous enseigne des plus clairement: “… c’est-à-dire, en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses, et d’être renouvelés dans l’esprit de votre entendement, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité” (Eph. 4.22-24). Aux versets suivants nous est présenté tout une liste des choses qui n’appartiennent pas à la vie nouvelle.
Après que la conscience de l’homme ait été réveillée de la mort spirituelle, l’Esprit de Dieu nous met en garde contre les choses qui ne sont pas justes à Ses yeux. Cela fait partie de la sanctification de la personne venue à la foi: “Et ne vous conformez pas à ce siècle; mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite” (Rom. 12.2). Quiconque devient disciple de Jésus ne porte pas la croix en tant qu’ornement suspendu au cou ou agrafé sur la poitrine, mais il prend sur lui l’opprobre de Christ, le Crucifié, et suit le chemin étroit qui conduit à la Vie éternelle (Mat. 16.24).
Paul termine son épître aux Galates par ces mots: “Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde” (Gal. 6.14). Seul celui qui est mort pour le monde, et pour lequel ce monde est mort, peut vivre avec Christ déjà dans ce monde et dans le monde à venir. Tout le reste ne constitue que voeux de piété religieuse, venant de son propre fond, et qu’efforts humains sans cesse accompagnés de nouveaux et bons préceptes, mais qui tous ensemble sont destinés à l’échec. Les rachetés représentent réellement pour Dieu une troupe de prémices qui Lui sont agréables.
On doit malheureusement relever, dans ce domaine également, un développement erroné qui n’a rien à voir avec la notion biblique de “tout abandonner pour suivre le Seigneur”. Dans le christianisme primitif et au cours des premiers siècles, tout comme chez les véritables croyants de tous les temps (et maintenant encore au vingtième siècle), ceux qui faisaient une expérience avec Christ vivaient, juste là où ils habitaient, de la manière que l’on attend de ceux qui sont venus à la foi. Aucun d’eux ne se retirait dans un cloître ni ne se plongeait dans de pieuses méditations fondées de nouveau sur sa propre justice. Les apôtres et les croyants de l’Eglise primitive vivaient à tout point de vue une existence tout à fait normale, mais ils la vivaient avec Christ! Au lieu de travail, dans sa famille, au village ou en ville, chacun était uni à Christ et de cette manière il était un témoin vivant de la grâce qu’il avait expérimentée. Celui qui est venu à la foi a la possibilité, par la force que Dieu lui donne, de vivre une vie tout à fait normale dans les limites de la Parole de Dieu. Le mariage, la profession et tout ce qui fait partie du domaine terrestre sont compris dans cette vie normale du croyant. Il ne s’agit pas de retirer les gens du monde, mais bien du fait que ce qui est du monde soit retiré d’eux.