LE CHRISTIANISME TRADITIONNEL — Vérité ou tromperie? |
CHAPITRE 21
JUSTIFICATION
La condamnation de l’homme rendait sa justification nécessaire. La pensée qu’exprime la justification lors d’un jugement est qu’elle annule l’état de fait d’une accusation. La justification ne produit pas un acquittement par manque de preuves, mais elle signifie que l’accusé n’est aucunement coupable et que l’inculpation portée contre lui avait été levée. Alors celui qui est traduit en justice n’a commis aucun délit, il s’est présenté uniquement à cause d’un accusateur, lequel n’avait rien pu faire parce qu’il ne pouvait rien prouver qui fût répréhensible contre lui. La plainte étant retirée, le procurateur a dû clore l’acte d’accusation parce que les poursuites avaient cessé.
Les deux choses sont bien-fondées: d’une part l’homme s’est rendu coupable envers Dieu, et c’est pourquoi il a besoin de pardon. La justification, dans la pensée divine, constitue l’autre part: Dieu voit en Christ l’homme auquel Il a pardonné les péchés comme s’il n’avait jamais péché. Un proverbe de ce monde dit: “Pardonné, oui, mais non oublié”. Même si nous nous pardonnons les uns les autres de tout notre coeur, il arrive cependant que souvent nous nous rappelons ce qui s’est passé. Auprès de Dieu c’est différent. Il a pardonné les péchés et ne se souvient plus. Personne n’a le droit de ressortir de la vie d’un homme les choses dont Dieu l’a justifié. Celui qui le fait est coupable et annule pour lui-même le pardon et la justification divine.
Puisque l’homme est né dans cet état de péché en dehors de sa propre volonté, Dieu a pris sur Lui la juste condamnation qu’Il avait dû prononcer dans Sa justice au moyen de Sa loi, et Il a accompli Lui-même une pleine justification des hommes par l’expiation réalisée dans le Fils. “Mais il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris” (Es. 53.5).
Dans l’épître à l’Eglise de Rome, l’apôtre Paul a abondamment enseigné la justification biblique, et il nous l’a montrée telle qu’elle nous est accordée et que nous pouvons l’expérimenter. Il est écrit en rapport avec l’évangile de Jésus-Christ: “Car je n’ai pas honte de l’évangile, car il est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit, et aux Juifs premièrement, et aux Grecs. Car la justice de Dieu y est révélée sur le principe de la foi pour la foi, selon qu’il est écrit: Or le juste vivra de foi” (Rom. 1.16,17).
Non seulement Dieu nous a sauvés de la mort et de la perdition, mais Il a pleinement justifié l’homme et lui a restitué sa justice divine. La justification de l’homme par ses propres oeuvres qui proviennent de ses efforts personnels n’est plus nécessaire puisque la justice de Dieu lui a été accordée. La propre justice est sans valeur devant Dieu, et elle peut être pour nous le plus grand obstacle. Il est écrit: “C’est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant lui par des oeuvres de loi…” (Rom. 3.20).
Par l’action souveraine de Dieu l’homme a été retiré de l’état de perdition auquel il était condamné, et il a été ramené à sa position originelle devant Dieu. C’est là qu’est le point central de l’Evangile de Jésus-Christ. Dieu ne nous a pas seulement pardonné, Il nous a aussi justifiés et nous a même donné Sa propre justice divine. “… la justice, dis-je, de Dieu par la foi en Jésus Christ envers tous, et sur tous ceux qui croient; car il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu, étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus” (Rom. 3.22-24).
Il ne reste ici aucune place pour une oeuvre personnelle qui puisse conduire à une propre justification. Nous avons à donner au Message divin, à l’Evangile de Jésus-Christ, la place qui lui revient. C’est là, en fait, le Message du salut qui libère et rend heureux et qui doit être claironné dans le monde entier. L’humanité a été réconciliée avec Dieu. “… afin de montrer, dis-je, sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste, et justifiant celui qui est de la foi de Jésus” (Rom. 3.26). Ce n’est pas la foi en un fondateur de religion ou en une confession qui produit cette justification divine, mais bien la foi en Jésus en qui Dieu et l’homme se sont rencontrés et réconciliés. Les oeuvres pieuses ne comptent pas: “Car nous concluons que l’homme est justifié par la foi, sans oeuvres de loi” (Rom. 3.28).
Manifestement, Paul avait été tellement saisi par la pensée de la justification qu’il a éclairé ce thème sous tous ses aspects. Du chapitre 3 au chapitre 8 des Romains nous trouvons une introduction approfondie au plan de salut de Dieu. Chacun n’a besoin de prendre, dans la foi, que ce que Dieu a donné, et de Le remercier pour cela. Quiconque veut acquérir cette justice par ses propres oeuvres ne pourra jamais reconnaître, dans sa véritable et pleine signification, l’oeuvre parfaitement achevée de Dieu. Ce que l’on fait soi-même nous empêche de voir ce que Dieu a réellement fait. “Mais à celui qui ne fait pas des oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice” (Rom. 4.5).
Une leçon d’intérêt vital nous est donnée par l’exemple d’Abraham, à savoir que celui à qui Dieu a parlé, et qui a reçu la parole de promesse, ne regarde plus à lui-même ni aux circonstances qui l’environnent, mais il croit de tout son coeur ce que Dieu a dit. Bien que les choses promises ne soient pas encore présentes, il les voit déjà et en donne gloire à Dieu, vivant dans la certitude de la foi, c’est-à-dire dans une ferme conviction que Dieu réalise ce qu’Il a promis.
Dans Romains 5.1, l’apôtre poursuit en disant: “Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ”. Il montre que, par la foi, nous avons accès à notre position de grâce actuelle, que nous pouvons nous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu, et cela même dans le besoin et les tribulations. Puis il revient à ce qui est le point central de la justification: “Beaucoup plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par lui” (Rom. 5.9). Il fait ressortir sans cesse de quoi il s’agit: non d’une foi en n’importe quoi, mais bien de la foi en Celui qui a été crucifié, Jésus-Christ, ainsi qu’en Son saint et précieux Sang répandu pour notre rédemption pleinement accomplie.
L’apôtre résume le tout par ces paroles: “Ainsi donc, comme par une seule faute les conséquences de cette faute furent envers tous les hommes en condamnation, ainsi aussi par une seule justice les conséquences de cette justice furent envers tous les hommes en justification de vie. Car comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes” (Rom. 5.18,19). Aussi certainement que nous constatons que le décret de condamnation a touché tous les hommes depuis Adam, ainsi devons-nous croire, d’autre part, que cette condamnation a été enlevée, que nous avons trouvé grâce auprès de Dieu et avons été pleinement justifiés.
Au chapitre 6 des Romains nous est présenté de quelle manière nous avons été identifiés avec Christ à la ressemblance de Sa mort, et comment nous avons été crucifiés avec Lui, ensevelis avec Lui et ressuscités avec Lui pour une vie nouvelle et divine.
Romains 7 montre l’homme dans toute son incapacité. Il se voit trompé à cause du péché et ressent la dureté de la loi divine. Ce n’est que là où existe une loi qu’une transgression peut être commise. Si, au Sinaï, la loi n’avait pas été donnée avec tous ses commandements et interdictions, l’humanité n’aurait pas su ce qui était juste aux yeux de Dieu. Ainsi le commandement a été donné afin que l’homme prenne conscience de sa transgression. En promulguant Sa loi, le juste Juge a prononcé la condamnation, et en venant comme Sauveur, Il a fait en sorte que viennent la grâce et la miséricorde. “La miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement” (Jacq. 2.13).
L’homme devient conscient de son esclavage, de la réalité de ce qu’il est esclave de ses habitudes, de ses passions, etc., au point que son âme s’écrie: “Car ce que je fais, je ne le reconnais pas, car ce n’est pas ce que je veux, que je fais, mais ce que je hais, je le pratique… car je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien; car le vouloir est avec moi, mais accomplir le bien, cela je ne le trouve pas … Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?” (Rom. 7.15-24). Tout homme, s’il se convertit au Seigneur, doit passer par ce processus intérieur sans lequel aucune conversion n’est possible.
Après cela seulement vient ce qui est décrit au chapitre 8, et qui est l’expérience d’une réalité divine. L’homme justifié par la foi en Christ et en Son oeuvre de rédemption pleinement accomplie peut alors s’écrier: “Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le christ Jésus!” (Rom. 8.1). Ils ont trouvé la paix avec Dieu et sont entrés dans Son repos.
Satan, l’accusateur des frères (Apoc. 12.10), et ceux qui se mettent à sa disposition, élèvent toujours à nouveau de nouvelles accusations contre ceux qui sont devenus croyants et ont été justifiés. Paul prend aussi en considération cet état de fait lorsqu’il dit: “Qui intentera accusation contre les élus de Dieu? C’est Dieu qui justifie; qui est celui qui condamne?” (Rom. 8.33).
La justification véritable ne se limite pas, en vérité, à un traité doctrinal; il faut qu’elle devienne une expérience vécue. La justification est la seconde partie du pardon. Dieu devait condamner l’homme parce qu’il s’était rendu coupable. En vertu de la rédemption par le Sang de l’Agneau, la dette fut réglée. Une accusation nouvelle ne peut plus être élevée contre nous, même si Satan cherche sans cesse à le faire. Il essaya aussi cela auprès de Martin Luther, à qui la certitude de la foi avait été accordée, et en vertu de laquelle il s’écria: “Le juste vivra par la foi!”. La justification divine vient uniquement par la foi en la rédemption pleinement accomplie par Jésus-Christ.
De même que l’homme se tourne vers Dieu par la conversion, qu’il fait l’expérience de la fin de sa vie propre, et par la nouvelle naissance commence une vie divine nouvelle, ainsi en est-il du pardon (qui est lié aux souffrances et à la mort de Jésus-Christ), et de la justification qui est associée à la résurrection et à la vie de Dieu. “… lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification” (Rom. 4.15). Aussi certainement que Jésus est mort, tout aussi certainement le péché nous a-t-il été pardonné. Aussi certainement que Jésus est ressuscité, tout aussi certainement sommes-nous justifiés une fois pour toutes.
L’apôtre Jacques montre comment la foi en la justification de Dieu telle qu’Il l’a dite est rendue parfaite par une obéissance dans les oeuvres conformes à la Parole: “Tu vois que la foi agissait avec ses oeuvres; et par les oeuvres la foi fut rendue parfaite. Et l’Ecriture a été accomplie qui dit: Et Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice; et il a été appelé ami de Dieu” (Jacq. 2.22,23).
Ce ne sont pas les oeuvres par elles-mêmes qui justifient l’homme; mais elles sont seulement un élément de la justification reçue par la foi. Celui qui croit Dieu agit conformément à ce qu’Il a commandé. Abraham croyait que Dieu allait ressusciter son fils Isaac d’entre les morts et il était prêt à offrir son fils en sacrifice, comme Il le lui avait commandé. Dans sa position de foi, l’obéissance ne lui paraissait pas difficile. Jacques ne se réfère pas aux oeuvres que les hommes font arbitrairement en vue d’obtenir quelque chose de Dieu, mais bien à celles qui sont faites selon le commandement et la Parole de Dieu. Celui qui croit réellement accomplit ce que Dieu a dit: “Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande” (Jean 15.14). C’est de cette manière que la foi “respire” et qu’elle est rendue vivante.
L’homme justifié par la foi en Jésus-Christ se tient devant Dieu comme s’il n’avait jamais péché. Il a été placé à nouveau dans son état originel comme il y avait été prédestiné dans l’éternité, et attend uniquement encore la transmutation de son corps et l’achèvement. Celui qui croit réellement en donnera la preuve par sa vie et ses actions, c’est-à-dire comme Abraham le fit, par sa joyeuse obéissance. Dans Hébreux 12 les rachetés nous sont présentés comme des justes accomplis: “Mais vous êtes venus à la montagne de Sion; et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste; et à des myriades d’anges, l’assemblée universelle; et à l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux; et à Dieu, juge de tous; et aux esprits des justes consommés” (v. 22,23).