LE CHRISTIANISME TRADITIONNEL — Vérité ou tromperie?

 

CHAPITRE 25

 

ELECTION — PREDESTINATION

 

Etre “élu de Dieu” signifie premièrement: être destiné à un service ou à une tâche, et y être consacré. Dans le cas d’Abraham et du peuple d’Israël, l’élection nous est clairement montrée: “Et toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j’ai choisi, semence d’Abraham mon ami, toi que j’ai pris des bouts de la terre et appelé de ses extrémités, et à qui j’ai dit: Tu es mon serviteur, je t’ai choisi et je ne t’ai pas rejeté;… ne crains point, car je suis avec toi; ne sois pas inquiet, car moi je suis ton Dieu. Je te fortifierai; oui, je t’aiderai; oui, je te soutiendrai par la droite de ma justice” (Es. 41.8-10).

Comme c’était le cas habituellement pour les prophètes, Jérémie pouvait témoigner de son appel au ministère: “Et la parole de l’Eternel vint à moi, disant: Avant que je te formasse dans le ventre de ta mère, je t’ai connu, et avant que tu sortisses de son sein, je t’ai sanctifié, je t’ai établi prophète pour les nations” (Jér. 1.4,5).

D’entre les douze tribus Dieu avait élu la tribu de Lévi pour le service sacerdotal: “… car l’Eternel, ton Dieu, l’a choisi, lui et ses fils, d’entre toutes les tribus, pour qu’ils se tienne toujours devant lui pour faire le service au nom de l’Eternel” (Deut. 18.5).

D’entre tous les fils d’Isaï, l’Eternel a élu David et Il le destinait à être roi sur Son peuple (1 Sam. 16.6-14).

C’est pour un service particulier que Jésus a aussi élu les apôtres. “Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure” (Jean 15.16).

Lors de la conversion de Saul, le Seigneur dit à Ananias: “Va; car cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois et les fils d’Israël” (Act. 9.15). Bien que sa conversion ait eu lieu passablement plus tard, Paul savait qu’il avait été mis à part dès le sein de sa mère, comme il en était également des prophètes: “Mais quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi…” (Gal. 1.15).

En général nous voyons se réaliser ce que Paul écrit à l’église de Corinthe: “Mais Dieu a choisi les choses folles du monde… et Dieu a choisi les choses faibles du monde… et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas… en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu” (1 Cor. 1.27-29).

Pour mieux comprendre ce sujet, on doit faire appel à d’autres déclarations, car l’appel et l’élection touchent deux groupes différents de croyants. Les élus sont aussi appelés, mais les appelés ne sont pas tous élus. Dans la parabole du repas des noces notre Seigneur dit, dans Matthieu 22.14: “Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Dans chaque âge d’Eglise les élus forment la troupe des vainqueurs, lesquels héritent de tout conformément aux promesses faites dans les lettres aux sept Eglises d’Apocalypse 2 et 3. Les appelés croient en effet que Jésus-Christ est leur Sauveur personnel, mais ils ne se laissent pas conduire dans toute la Vérité et à cause de cela ils ne peuvent pas être amenés à un parfait accord avec la Parole de Dieu. Leurs noms se trouvent dans le Livre de Vie et lors du jugement dernier ils seront reçus dans le Royaume de Dieu (Apoc. 20.11-15).

Dans Apocalypse 17.14 il est question de l’Agneau qui combattra et qui vaincra, ainsi que de la troupe des vainqueurs, lesquels ont atteint le but le plus élevé, et nous trouvons là les trois expressions “appelés, élus et fidèles”: “… car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui sont avec lui, appelés, et élus, et fidèles.

Tous deux, le Rédempteur aussi bien que la troupe des prémices, sont appelés les élus de Dieu: “Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir (Es. 42.1). “Vous êtes mes témoins, dit l’Eternel, vous et mon serviteur que j’ai choisi…” (Es. 43.10; Mat. 12.18). Le bon plaisir de Dieu vient premièrement sur l’Elu, afin de pouvoir venir au travers de Lui sur les élus (Mat. 3.17; 17.5). Ainsi s’accomplit ce qui avait été annoncé lors de la naissance de notre Rédempteur: “Gloire à Dieu dans les lieux très hauts; et sur la terre, paix, et bon plaisir dans les hommes!” (Luc 2.14). Il y a des hommes sur terre sur lesquels le bon plaisir de Dieu repose par Sa grâce.

L’élection marche la main dans la main avec la prédestination. De même qu’il n’y a qu’une seule élection donnant le salut, ainsi n’y a-t-il également qu’une seule prédestination au salut. Le Fils, qui naquit il y a environ 2000 ans, avait été élu avant la fondation du monde et c’est pourquoi Il se réfère à la gloire de Dieu qu’Il possédait avant la fondation du monde: “Et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût” (Jean 17.5). La formulation “avant la fondation du monde” se trouve très souvent en relation avec l’histoire du salut. Ce “avant la fondation du monde” était ce qui se trouvait à l’origine lorsque le Logos sortit de la plénitude originelle de Dieu et qu’Il était par conséquent: “… auprès de Dieu” (Jean 1.1). A cette époque, tous les fils et filles de Dieu étaient déjà élus en Christ conformément à Son plan de salut éternel. La même gloire manifestée lorsque Jésus fut transfiguré sera également manifestée pour transfigurer les rachetés à Son image: “Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée; car tu m’as aimé avant la fondation du monde” (Jean 17.24).

La même chose est dite des rachetés, c’est-à-dire qu’ils ont également été élus avant la fondation du monde: “… selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté” (Eph. 1.4,5). Dieu, qui est éternel, a conçu Ses desseins avant la fondation du monde et c’est au cours des temps qu’Il les réalise, jusque dans l’éternité.

Pierre dit ceci au sujet de l’Agneau sans tache de Dieu: “… comme d’un agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous” (1 Pier. 1.19 et 20). Les rachetés aussi ont été vus à l’avance en Lui et c’est pourquoi leurs noms ont été écrits avant la fondation du monde dans le livre de Vie de l’Agneau immolé. “Et tous ceux qui habitent sur la terre, dont le nom n’a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau immolé, lui (à l’Antichrist) rendront hommage” (Apoc. 13.8).

Dans l’Ancien Testament Dieu avait élu Israël comme un peuple lui appartenant en propre: “Car tu es un peuple saint, consacré à l’Eternel, ton Dieu, et l’Eternel t’a choisi, afin que tu sois pour lui un peuple qui lui appartienne en propre, d’entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre” (Deut. 14.2). Du point de vue du Nouveau Testament, Paul écrit, en considérant l’Eglise tirée des nations: “En ce qui concerne l’Evangile, ils sont ennemis à cause de vous; mais en ce qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés à cause des pères” (Rom. 11.28).

L’élection et la prédestination conduisent à la consécration et à la sanctification divines de ceux qui ont été prédestinés. De lui-même, Israël ne s’était pas séparé, ni sanctifié, mais par une séparation divine il était devenu un peuple consacré à Dieu et sanctifié pour lui. “Car toute la terre est à moi; et vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte” (Ex. 19.5,6). L’apôtre Pierre écrit aux croyants du Nouveau Testament: “Mais vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple acquis…” (1 Pier. 2.9).

Dans les versets suivants l’apôtre Paul présente le sujet de l’élection et de la prédestination de la manière la plus complète: “Mais nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos. Car ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés” (Rom. 8.28-30).

En vérité, Dieu n’a rien vu dans l’homme à quoi Il aurait pu s’attacher, car il n’y avait rien de désirable en lui. Le salut et la délivrance viennent uniquement de Dieu. C’est en Christ qu’Il a vu l’humanité; en Lui les rachetés ont été établis dans la position de fils, par le “oui” qu’Il a prononcé pour les recevoir, et c’est aussi en Lui que “l’amen” a été prononcé. Le témoignage des Ecritures est clair, et il est à cet égard saisissant. Dieu a connu les Siens d’avance et Il les a prédestinés à la Vie éternelle. Lui qui connaissait toutes choses pouvait à la fois les élire et les prédestiner. “Et lorsque ceux des nations entendirent cela, ils s’en réjouirent, et ils glorifièrent la parole du Seigneur; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent” (Act. 13.48).

L’élection n’a rien d’arbitraire. Dieu fait connaître Sa volonté d’une manière évidente, mais Il ne contraint personne à y entrer. Il a déclaré Son intention par cette parole: “… qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité” (1 Tim. 2.4). Cependant, parce que Dieu connaît toutes choses, Il savait lequel allait recevoir le salut, et lequel allait le refuser. Quiconque ne vient pas à Dieu demeure éloigné de Lui. Quiconque ne se laisse pas sauver par Lui demeure dans la perdition. C’est ainsi que Dieu déjà à l’avance, c’est-à-dire avant la fondation du monde, pouvait prédestiner au salut ceux qui allaient Le croire.

Très souvent nous comprenons mal cette parole de l’Ancien Testament que Paul cite dans Romains 9: “Je ferai miséricorde à celui à qui je fais miséricorde, et j’aurai compassion de qui j’ai compassion… Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut” (v. 15 et 18). Ceux qui viennent à Lui sont ceux qui ont trouvé grâce auprès de Lui. Seul celui qui vient à Lui peut expérimenter Sa miséricorde et Son amour. C’est à eux que se rapporte le verset 16: “Ainsi donc ce n’est pas de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde”. Cependant celui qui ne vient pas à Dieu ne permet pas à Dieu d’user de miséricorde à son égard. Celui qui ne vient pas et endurcit son coeur, Dieu à Son tour le rend insensible et l’endurcit complètement. Ce n’est pas que Dieu ait renoncé à Ses intentions primitives; au contraire Il les réalise envers ceux qui viennent à Lui et Lui accordent leur foi. Ce qui est écrit plus loin au sujet de la colère de Dieu et des vases de colère destinés à la destruction concerne de nouveau ceux qui demeurent incrédules, qui ne veulent rien avoir à faire avec Dieu et sur lesquels la colère de Dieu demeure, bien qu’à proprement parler, en Christ, elle ait été enlevée de dessus les hommes. Il y a des personnes qui refusent l’acquittement de leur dette et qui, par conséquent, demeurent sous la condamnation. Celui qui ne vient pas à Christ est la personne sur laquelle la colère de Dieu demeure, parce qu’elle ne prend pas pour elle-même la rédemption pleinement accomplie.

Lucifer, par sa propre décision, s’est élevé contre Dieu et il ne se laissera, avec ceux qui le suivent, jamais inclure dans le plan de Dieu. Et précisément, de la même façon, il existe des gens qui ne se laisseront jamais mettre à la place qui leur revient dans le plan de Dieu. Dieu ne peut réaliser le pardon et la grâce, c’est-à-dire la pleine rédemption, que là où des hommes la reçoivent comme un don de Dieu, dans la foi en l’oeuvre substitutive d’expiation pleinement accomplie par Christ.

Ce témoignage nous est donné: “Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes” (Tite 2.11). Le Seigneur invite tous les hommes: “Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos” (Mat. 11.28). Cependant tous ne viennent pas à Lui. Ils n’écoutent pas Son appel. Même parmi les personnes pieuses qui sondent la Parole de Dieu il y en a qui poursuivent leur propre motivation, et de cette manière elles ne pénètrent pas dans une communion personnelle avec leur Seigneur et Sauveur. “Sondez les Ecritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi: et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie” (Jean 5.39,40). Toutes les recherches dans l’Ecriture, toutes les études de théologie ne serviront à rien, à moins que chacun en particulier ne vienne réellement au Seigneur et ne reçoive la Vie éternelle. Le Seigneur déclare: “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive” (Jean 7.37). La plupart ne viennent pas parce qu’ils n’ont pas soif.

Le “… il endurcit qui il veut” de Romains 9.18 arrive lorsqu’une personne contraint Dieu à faire cela, puisque Dieu ne peut agir contre la volonté d’un homme. Dieu ne pouvait pas vouloir la perdition de l’homme, car Sa volonté est que tous soient secourus et Il veut que tous soient sauvés, parce qu’Il est réellement le Sauveur. Quand l’homme ne veut pas ce que Dieu veut, alors Dieu doit vouloir ce que l’homme veut. Dès le commencement Dieu a doté les hommes de ce libre arbitre. Il ne les a pas contraints, ni n’en a fait des automates ou des marionnettes; les hommes pouvaient choisir entre la vie et la mort, entre l’obéissance et la désobéissance.

L’homme séparé de Dieu s’entête dans son auto-détermination jusqu’au jour où il reconnaît sa vocation divine et l’accepte. Il s’entête également dans ses propres réalisations jusqu’au moment où il devient une partie du plan réalisé par Dieu. L’homme voudrait être indépendant et ne se soumettre à personne. En recherchant sa propre liberté il est tombé dans la perdition qu’il a lui-même choisie. En se détachant de Dieu il est devenu un être assujetti à l’adversaire. C’est la raison pour laquelle une délivrance est indispensable. Notre Sauveur a été en effet envoyé pour publier la liberté aux prisonniers (Luc 4.18).

Ce qui est arrivé à Abraham, le père de la foi, et qui nous est donné en exemple, est également ce qui est arrivé à tous ceux qui entendent la Parole de Dieu, qui La croient et La mettent en pratique. Ils donnent raison à Dieu en se mettant à Son côté, et confirment l’alliance qu’Il a faite avec les hommes. Les élus croient Dieu en tout ce qu’Il dit; ils font ce qu’Il a commandé et obéissent à Ses instructions. Chez eux, la Parole, la foi et les oeuvres sont en parfait accord. Les élus ont soumis leur propre volonté à la volonté de Dieu et ils prient sincèrement: “Que ta volonté soit faite, comme dans le ciel, aussi sur la terre!” (Mat. 6.10). Ils n’ont pas de volonté propre; ils veulent simplement ce que Dieu veut. Dans la mesure où par la nouvelle naissance ils sont devenus une partie de la Parole et du plan de Dieu ils sont, comme le Fils de Dieu, une réalisation directe de la chair devenue Parole. C’est à de telles personnes que Dieu adresse cette exhortation: “C’est pourquoi, frères, étudiez-vous d’autant plus à affermir votre appel et votre élection, car en faisant ces choses vous ne faillirez jamais” (2 Pier. 1.10).

Comme nous pouvons en conclure des exposés faits par l’apôtre Pierre, Christ nous est aussi présenté comme la Pierre élue, une Pierre angulaire pour les uns, et pour les autres une Pierre d’achoppement et un Rocher de chute pour les autres. Celui qui appartient à la race élue, à la sacrificature royale, considérera dans la foi Christ comme la Pierre angulaire et la Pierre de faîte. Celui qui s’achoppe à Lui et se scandalise à Son sujet se trouve dans la désobéissance à l’égard de la Parole de Dieu (1 Pier. 2.3-10).

L’expérience spirituelle enseigne chacun de nous à prendre la place que Dieu lui a réservée, et à croire ce qui lui est destiné. Celui qui, par exemple, ne croit pas à la prédestination ne peut pas être prédestiné. La même chose est valable pour la conversion, le renouvellement, la nouvelle naissance, et à l’égard de toute expérience que l’homme peut faire avec Dieu. Chaque homme n’expérimente que ce qu’il croit. “Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité” (2 Thess. 2.13).

“Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu’il s’est proposé en lui-même pour l’administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, en lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté” (Eph. 1.9-11).

 



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